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L’ambition énergie-climat de la France à horizon 2030

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Alors que la concentration en CO2 de l’atmosphère n’a jamais été aussi élevée1…

Alors que le cycle de l’eau, affecté par le changement climatique s’est déchaîné à Valence...

Alors que l’année 2024 est en passe de devenir la plus chaude de l’histoire2, avec plus de 1,5° de réchauffement…

Les attentes sont très fortes quant aux mesures susceptibles de réduire les émissions de gaz à effet de serre et ainsi atténuer le réchauffement climatique.

La France vient d’apporter sa contribution en dévoilant ses objectifs et sa feuille de route en matière d’énergie et de climat. Agnès Pannier-Runacher, ministre en charge du sujet annonce la couleur : « ce sont des objectifs ambitieux ».

Quels sont les textes publiés par le gouvernement ?

Lundi 4 novembre, le gouvernement vient de publier deux textes fondamentaux aux acronymes peu évocateurs :

Dans ces deux textes figure la stratégie de la France pour atteindre la neutralité carbone en 2050 et les grandes orientations énergétiques pour y parvenir.

On retrouve dans ces textes des objectifs chiffrés de réduction de nos émissions. Figurent-aussi les moyens d’y parvenir. Sur le plan énergétique, les options retenues sont explicitées (mix énergétique, électrification…).

Ces textes étaient particulièrement attendus. Ils arrivent en effet avec plus d’un an de retard sur le calendrier prévu.

Attention, ces textes ne sont pas définitifs. Ils entrent dans un processus de consultations et seront publiés par décret en 2025, sans passer par l’Assemblée nationale. Le décret fixera la trajectoire et les objectifs. En revanche, chaque mesure nécessaire pour les atteindre suivra son propre processus législatif.

Quels sont les objectifs présentés comme « ambitieux » ?

La France s’engage à réduire ses émissions de 50% d’ici 2030 (par rapport 1990, année de référence).

Cette ambition s’inscrit dans le cadre européen. Il s’agit de la retranscription nationale de l’engagement européen Fit for 55.

L’objectif global de 50% pour nos émissions nationales est ensuite décliné par secteur comme le montre le graphique suivant.

Notons au passage que le secteur des transports est le seul qui a vu ses émissions augmenter entre 1990 et 2022.

Pour ce secteur, la baisse attendue en 2030 est de 27% versus 1990 et de 46% versus 2022.

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La décarbonation de la mobilité** est plus que jamais une priorité ! Rappelons que les transports représentent environ un tiers des nos émissions nationales.

Ces objectifs sont-ils atteignables ?

La trajectoire historique de nos émissions de gaz à effet de serre nous invite à adopter un optimisme prudent.

Optimisme car depuis 1990, la France a déjà réduit ses émissions nationales de 31%3.

Prudent, car l’effort qu’il reste à fournir en seulement quelques années pour atteindre -50% est significatif.

Pour atteindre cet objectif, nous avons besoin d’accélérer fortement le rythme de réduction de nos émissions. Le cabinet de la ministre donne l’ordre de grandeur :

« Nous devons baisser nos émissions de 5% chaque année entre 2022 et 2030, contre 2% de réduction annuelle en moyenne de 2017 à 2022. »

Concrètement, il faut donc décarboner deux fois plus vite qu’entre 2017 et 2022, période marquée par une épidémie mondiale. Optimisme prudent.

Quel est le plan pour les atteindre ?

Voilà le cœur du sujet : comment accélérer la décarbonation ? Le Ministère dévoile ses hypothèses et les moyens nécessaires pour y parvenir.

La liste ci-dessous est loin d’être exhaustive. Elle reprend certaines actions majeures envisagées.

Tous les secteurs sont concernés :

Qui dit objectif ambitieux, dit plan d’actions ambitieux.

Par exemple, pour le secteur des bâtiments, le plan prévoit la rénovation de 400 000 maisons et de 200 000 logements collectifs par an d'ici 2030. Les systèmes de chauffage émetteurs sont aussi dans le viseur de la SNBC-3 : on prévoit de supprimer 75% des chaudières au fioul et 25% des chaudières à gaz d’ici 2030.

Sur le plan énergétique, l’électrification des usages nécessite une augmentation forte de la production électrique d’ici à 2030. Cette production sera décarbonée à hauteur de 95%. Pour y parvenir, la SNBC-3 compte développer les énergies renouvelables (maintien du rythme de déploiement de l’éolien terrestre, accélération sur l’éolien en mer, et doublement du rythme d’installation sur le photovoltaïque), et le nucléaire pour atteindre un mix électrique en 2030 composé à 60% de nucléaire et à 35% énergies renouvelables.

Focus sur le secteur des transports :

Le véhicule électrique sera un atout pour atteindre les objectifs. La SNBC-3 prévoit une part de marché des véhicules électriques neufs de 66% en 2030. Ces véhicules devraient représenter 15% du parc roulant à cette date.

Le déploiement massif de bornes de recharge accompagnera cette tendance. Le chiffre de 400 000 bornes à horizon 2030 est réaffirmé dans la SNBC-3.

Pour les véhicules thermiques, la règlementation continuera d’inciter les consommateurs vers des véhicules légers et moins consommateurs.

Une attention particulière semble être portée sur les entreprises. Le document rappelle deux chiffres importants :

Des dispositions incitatives seront promues : mise en place de plans de mobilité employeurs et du Forfait Mobilité Durable.

D’autres dispositions joueront davantage sur la contrainte. Citons ici deux passages très clairs de la SNBC-3 :

Le report modal doit augmenter le recours aux transports en commun de 25%. Il est précisé que cet objectif ne pourra être atteint qu’avec des investissements dans ces transports pour les améliorer et les fiabiliser.

Citons-aussi le vélo qui fait partie intégrante des solutions avec une multiplication par 4 des voyageurs-kilomètres d’ici 2030. Pour y parvenir, des investissements sont prévus pour doubler les kilomètres de pistes cyclables.

La « ville des courtes distances » sera favorisée pour limiter les déplacements domicile-travail. L’Etat compte freiner l’étalement urbain, en lien avec les orientations de la loi sur la « zéro artificialisation nette » des sols.

L’anticipation comme avantage compétitif

Cette ambition et les mesures associées sont significatives et risquent de bouleverser certains équilibres économiques.

Les entreprises qui auront anticipé ces bouleversements seront les mieux armées pour y faire face.

Elles bénéficieront d’avantages compétitifs par rapport à leurs concurrents non préparés qui subiront les évolutions fiscales et règlementaires.

C’est donc dès maintenant qu’il faut agit !

1https://wmo.int/media/news/greenhouse-gas-concentrations-surge-again-new-record-2023 2 https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/11/07/l-annee-2024-s-annonce-comme-une-annee-record-au-dessus-de-la-barre-de-1-5-c-de-rechauffement_6381643_3244.html 3 Inventaire Citepa, Secten 2024

Publié le 14 novembre 2024
14 novembre 2024
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